Remédiation cognitive

Remédiation Cognitive

Origine, objectif et fonctionnement

Du fait de son étiologie multifactorielle et aussi de l’importante intrication somato-psychique, le Trouble du Comportement Alimentaire est une pathologie qui reste extrêmement difficile à soigner.

L’idée avec la CRT est d’aller vers des interventions complémentaires aux autres thérapies et qui soient en mesure d’aider les patients à avancer dans leur parcours de soin.

C’est ce que s’est proposé de faire Kate Tchanturia au Maudsley Hospital (Londres).

 

L’approche du Maudsley

L’idée est de se décentrer des symptômes les plus visibles (maigreur, restriction alimentaire…) et de s’intéresser à des marqueurs sous-jacents qui sous-tendent les comportements et les symptômes.

Ce marqueur particulier existe en dehors de la phase aigüe (présent même après reprise de poids) et est en lien avec les gênes donc observable également chez les apparentés (parents et fratrie) non atteints d’une manière plus marquée que dans la population générale.

Il s’agit d’un trait de vulnérabilité. S’il y a suffisamment de facteur protecteur, la maladie ne se déclare pas. Le trait peut donc être partagé dans la famille sans que la maladie le soit.

L’idée a été de développer de nouvelles thérapies qui ciblent ces marqueurs sous-jacents pour essayer d’améliorer la symptomatologie.

La CRT vise les processus de pensée et non pas la pensée elle-même, et ce en utilisant des exercices ludiques et éloignés du symptôme.

Mais comment des exercices peuvent-ils améliorer le fonctionnement cognitif ?

 


Plasticité cérébrale

Les chercheurs et cliniciens ont observé que le fait d’encourager des patients à entraîner des compétences et à apprendre de nouvelles stratégies pouvait influencer leur qualité de vie, améliorer leur fonctionnement et augmenter leur confiance en soi.

Les études récentes en neurosciences, en psychologie clinique et expérimentale ont mis à jour la plasticité cérébrale. Grâce à cette plasticité, le cerveau est capable de se réorganiser. Nous sommes dépendants de nos habitudes et de nos routines mais le cerveau a la capacité d’intégrer de nouvelles informations. Ainsi, la pensée et le style de traitement de l’information peuvent changer au cours de la vie, et l’idée du programme de CRT est d’introduire « une gymnastique du cerveau » comme point de départ du travail psychologique et/ou de changements comportementaux qui pourraient se faire peu à peu.

En fait, notre cerveau est modelé selon notre utilisation, et le fait d’entraîner des compétences particulières mène à une augmentation, non seulement du degré d’activation de certaines régions cérébrales, mais aussi de leur taille (Les musiciens, par exemple, ont un gyrus d’Heschl (zone impliquée dans le traitement auditif) plus large et plus actif et les conducteurs de taxis ont un hippocampe (zone impliquée dans la mémorisation) plus développé).

 

Le but de la remédiation cognitive

Un objectif clé de la remédiation cognitive est de renforcer des connexions cérébrales afin d’améliorer le fonctionnement du cerveau. Cet objectif est basé sur le fait que les réseaux cérébraux peuvent être activés et que ceux qui le sont moins peuvent être sollicités grâce à un entraînement cognitif.

Un autre objectif de la remédiation cognitive est d’encourager à prendre du recul par rapport aux exercices réalisés pendant les séances afin d’aider à prendre conscience de la façon de penser et de fonctionner dans la vie de tous les jours.

Enfin, la remédiation cognitive est issue de recherches montrant que la motivation au changement et le fait de savoir que l’on peut apprendre de ses erreurs, donne la possibilité d’atteindre ses buts.

 

Les marqueurs particuliers ciblés par la CRT : la flexibilité et la vision globale

Être capable d’être soit particulièrement concentré, soit flexible, en fonction de ce qui est demandé par la situation, est une chose très importante. De même, être concentré sur les détails, ou bien avoir une vision globale, sont des stratégies qui peuvent présenter chacune des avantages. Toutefois, lorsqu’un style devient extrême et domine sur les autres, cela peut devenir un réel obstacle. 

La pensée flexible

La flexibilité cognitive a été décrite comme la capacité d’aller et venir entre de multiples tâches ou opérations mentales. Des problèmes de flexibilité peuvent entraîner une rigidité cognitive, une approche terre-à-terre, rigide et stéréotypée de la résolution de problèmes.

Les observations cliniques des anorexiques décrivent des modes de pensée rigides, perfectionnistes et obsessionnels, ce qui valide l’hypothèse selon laquelle la flexibilité cognitive est une difficulté majeure dans cette pathologie. 

Penser l’image en général

Il existe également des preuves scientifiques indiquant que les sujets anorexiques ont un style de traitement de l’information excessivement détaillé, aux dépens d’une pensée holistique, globale. Ils sont très préoccupés par les détails, l’ordre, la symétrie.

Exceller dans la focalisation sur des détails peut être un atout. Certaines tâches exigeront cette compétence. Toutefois, de manière générale, la plupart des tâches exigent d’avoir à la fois une pensée focalisée sur les détails, mais également de voir les choses dans leur globalité. 

 

Déroulé des séances

La remédiation cognitive est très codifiée. Elle se déroule sur 10 séances, d’une trentaine de minutes chacune et à raison d’1 à 2 fois / semaine. Il s’agit de différents petits exercices, un peu ludiques, et permettant de « penser à sa pensée », de prendre conscience de son fonctionnement et de faire des liens avec le quotidien.

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